L'idée idiote du moment.

Ensuite, mon idée était complètement idiote. Vraiment. D’abord, parce que j’ai découvert que le Nokia ne captait pas chez moi, contrairement au smartphone. Puis parce que l’historique de mes messages ne rentre pas dans le téléphone, j’avais oublié la limitation du stockage sur la carte SIM. Twitter m'a d'ailleurs permis de découvrir que quand une enveloppe clignote, la boîte à messages est pleine. Je ne parle même pas des contacts : j’en ai entré trois avant de lancer le téléphone contre un mur de rage à cause du T9 et de l’impossibilité de synchroniser avec mon ordinateur. Bon point du Nokia, ceci dit : la coque s’est ouverte, mais le téléphone va bien. D’ailleurs, si le Nokia 3310 est souvent montré dans les mèmes comme incassable, je rappelle tout de même que Nokia ne mettait pas spécialement en avant sa résistance et que la société finlandaise a même proposé un modèle vraiment incassable (ou presque), le Nokia 5210.

Au début, je me suis inquiété : je ne recevais pas de messages. Puis je me suis rappelé : Whatsapp et les MMS ne fonctionnent pas sur le Nokia 3310. J’ai bien tenté de répondre aux rares SMS, mais j’ai (re)lancé le téléphone contre un mur, toujours de rage. Et je me suis souvenu de ma haine du T9 quand j’avais moins de 20 ans. En plus, déception, personne ne m’a envoyé de logo et comme j’utilise un Nokia 3310 (et pas un 3330), je ne peux même pas surfer sur le WAP. Confiant dans tous les articles que j’ai lus cette semaine sur l’autonomie extraordinaire du Nokia 3310, je me suis promené sans chargeur. Pas de bol, après un peu plus de 3 heures d’appels (sur une seule journée), il a décidé de se couper. En bon journaliste high-tech, je suis allé vérifier une fiche technique de l’époque : 2h30 à 4h30 en appels. Soit à peu près trois fois moins que ce qu’Apple m’annonce pour un iPhone 7 (pas réputé pour son autonomie). Et je peux vous dire que lancer à la cantonade dans une rédaction « Quelqu’un aurait un chargeur de Nokia 3310 ? » donne à peu près le même résultat que « Quelqu’un aurait un chargeur d’iPhone ? ». Chez Canard PC, il s'agit d'une des phrases qui va provoquer les rires d'Ivan ou les moqueries d'ackboo.

Un kit de connexion à un PC, en RS232
Une batterie Li-Ion moderne

Un appareil largement surévalué.

Choquer et déçu, une fois rentré chez moi, j’ai voulu jouer au célèbre Snake. Je suis un bon client pour la nostalgie et le rétro dans les jeux vidéo, mais pas pour ça. Parce que Snake II n’arrive pas à la cheville de Doodle Grub et ne m’amuse pas vraiment. Peut-être une réminiscence du moment où je m’étais mis en tête d’en coder un en C lors de mes études. Bon, le côté sympa de ne pas aimer Snake II (ou un des trois autres jeux) vient de l’autonomie : Nokia annonçait 10 jours en standby mais je peux vraiment le laisser en veille et je ne perds pas mon temps sur Twitter ou n’importe quelle application (il n’y a pas d’applications, sauf une calculatrice (35 383 773)). Même chose pour le temps d'appel : le Nokia 3310 reste pitoyable sur ce point, mais le biais vient du fait que le prix des forfaits en 2000 ne permettait pas vraiment de cramer tout le crédit en une seule charge. Et pour information, j'ai utilisé une batterie Li-Ion récente (donc en bon état) et pas l'affreuse NiMH d'origine du téléphone (évidemment inutilisable 17 ans après).

Dans les choses à noter quand même, l’interface reste assez claire, même si j’ai dû (honteusement) chercher sur Internet comment verrouiller le clavier pour éviter d’appeler des gens quand je range le téléphone dans ma poche. Astuce d’ailleurs : c’est Menu puis étoile (*).

Pour terminer, franchement, je crois que le pire dans ce petit essai reste le regard des autres : avoir un collègue qui zieute ton Nokia avec condescendance en disant « C’est vraiment ton téléphone ? » m’a convaincu de revenir sur mon smartphone. Et je revis. Je teste régulièrement du vieux matériel informatique (bien plus ancien que ce Nokia 3310), mais jamais je ne m’infligerais ça au quotidien. Je peux comprendre qu’on puisse vouloir s’amuser quelques minutes avec un appareil comme ça pour se dire « C’était quand même beaucoup moins bien avant », mais absolument pas qu’on accepte de se déconnecter en passant sur un Nokia 3310 (ou un autre téléphone des années 2000). C’est idiot et contre-productif.

Cher et pas si vendu.

Dernier point, intéressant à analyser, le Nokia 3310 n’est absolument pas le modèle le plus vendu de la marque. Wikipedia le liste en 11e position (en prenant en compte ses variantes) avec 126 millions d’exemplaires vendus, ce qui est bien mais pas top. Chez Nokia, c’est beaucoup moins que le 3210 (plus ancien) ou les 1100 et 1110 (plus récents). Dans les faits, les Motorola RAZR ou les iPhone 6 explosent totalement les ventes du Nokia 3310. La nostalgie sur ce modèle précis vient à mon avis d’un point précis : il s’agit du premier modèle de beaucoup d’occidentaux nés dans la première moitié des années 80. Le 3210, plus anciens, a surtout été utilisé par des adultes à son époque (qui utilisent moins les réseaux sociaux et entretiennent donc moins la nostalgie) et les 1100/1110 visaient surtout les pays émergents et restent donc assez rares en Europe.

Enfin, parlons du prix. Si votre opérateur vos a sûrement « offert » le téléphone à l'époque avec votre forfait (l'expression « crédit déguisé » passe aussi), le Nokia 3310 restait assez cher, même si un modèle comme le Nokia 8210 restait bien plus onéreux. Le Nokia 3310 valait 1 800 FF à son lancement en septembre 2000, soit (en corrigeant avec l'inflation) à peu près 350 € actuels. Soit le prix d'un bon smartphone Android en comparaison.

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