En décembre 2024, parmi les coupes budgétaires sans précédent annoncées par Christelle Morançais, la présidente de la région des Pays de la Loire, une nouvelle inquiète le monde du jeu vidéo en France : l’association professionnelle Atlangames est menacée de disparition.
Sa disparition peut sembler peu de choses face à l’onde de choc des 100 millions de subventions et aides réduites ou supprimées par une présidente de région (Horizon, ex-LR) qui avait fait du soutien à la culture un argument de campagne en 2021. Les Plannings familiaux, des associations de lutte contre les violences faites aux femmes, le plus grand festival européen de musique classique, les Missions locales, le Théâtre régional… Atlangames est en bonne compagnie, celle de cette culture que l’on déclare trop nourrie à l’argent public pour être viable.
1. En 2016, la DRFiP (direction régionale des Finances publiques) de Bretagne a interdit au Stunfest de faire appel au mécénat, parce que le jeu vidéo n’était pas considéré comme « une œuvre d’art et de l’esprit ».
Subvention unlocked
Les dispositifs de soutien financier à la création de jeu vidéo sont après tout variés en France, que ce soit par l’État ou par les collectivités. Le ministère de la Culture, via le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) propose le Fonds d’aide au jeu vidéo (FAJV), ainsi qu’un Crédit d’impôt au jeu vidéo depuis 2008. L’IFCIC, un établissement de crédit détenu pour moitié par l’État, offre des garanties de prêt et un fonds d’aides participatives aux entreprises culturelles, dont le jeu vidéo. Et si les Pays de la Loire se désinvestissent, d’autres régions, comme l’Île-de-France, l’Occitanie ou La Réunion ont mis en place des fonds de soutien dédiés. D’après le Syndicat national du jeu vidéo, le SNJV, un tiers des entreprises interrogées citent ces dispositifs comme facteurs d’attractivité de l’industrie du jeu vidéo française, et près de la moitié des entreprises ont bénéficié d’une aide publique.Les aides publiques diminuent, l’inflation est rampante, le secteur est en crise.
Je vois pas le rapport
Il ne faut bien sûr pas confondre actions éparses et politique systématisée. En 2023, le Cycle des Hautes Études de la Culture publiait pour le ministère du même nom un rapport sur la prise en compte du jeu vidéo dans les politiques publiques. Un document riche en informations et en propositions, dont certaines sont parfois les mêmes depuis dix ans, signe que si les choses changent dans les détails, les grosses décisions, elles, tardent à venir. Sur l’importance du secteur, c’est d’abord son poids économique, sa capacité d’embauche et son rayonnement culturel qui sont soulignés. Si le rapport évoque la possibilité de mettre de côté la logique de Bercy pour soutenir une création plus artistique et spécifique, il songe aussi à instrumentaliser le secteur : il s’agit de protéger la « souveraineté européenne », quand le nouveau barème du Crédit d’impôt voulait déjà encourager en 2022 les jeux s’appuyant sur « l’identité européenne ».Je rêve d’une vraie politique publique, concertée, de grande ampleur, pour le jeu vidéo.