Je suis tombé dans le piège d'Echo Lake, je suis entré dans sa bien jolie maison. C'est qu'il avait l'air si beau ! Depuis des mois (jusqu'à récemment, le jeu s'appelait Observatorium), les développeurs publiaient de magnifiques images, quelques gifs animés, parfois même une vidéo. À chaque fois, on y voyait un petit garçon dans sa barque, de nuit sur un lac. Dans l'eau se reflétaient les étoiles (d'où le nouveau nom du jeu) et comme tout ça était mignon ! Évidemment, c'était un piège. Bien sûr, il y a tout ça dans Echo Lake : le gamin dans sa barque, les étoiles dans l'eau... mais en fait il n'y a même que ça. On suit un petit poisson rouge (comme le lac est rempli de zones glacées, on se déplace en fait dans un couloir, n'allez pas croire qu'on y trouve la moindre dimension d'exploration) qui nous mène sur le lac de puzzle en puzzle. Ce qui veut dire deux choses : d'une part il y a des casse-tête, et d'autre part on doit vraiment ramer. Certaines énigmes sont même séparées par plusieurs dizaines de secondes d'avancée dans l'eau. Pourquoi ? Aucune idée, ou plutôt si : ça permet d'avoir l'impression de faire quelque chose, et ça rallonge la durée de vie.
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Echo Lake
Qui tombe à l'eau ?
Tout le monde connaît Hansel et Gretel, le conte des frères Grimm dans lequel deux pauvres enfants, abandonnés dans une forêt, découvrent une maison aux murs en délicieux pain d'épices et aux fenêtres en sucre. Évidemment, c'est le terrible piège d'une sorcière cannibale, qui capture les gamins. De nos jours, on appelle ça du marketing.
Se faire mener en bateau. Devoir avancer en ligne droite dans des décors toujours identiques n'est pas le principal problème d'Echo Lake. Ses puzzles, qui ne cherchent même pas à faire un effort, sont bien pires. Comme dans The Witness, il faut tracer des lignes suivant des règles précises : relier les étoiles entre elles, allumer des bestioles... Mais contrairement au jeu de Jonathan Blow, Echo Lake ne cherche même pas à vous faire réfléchir. La solution de chaque casse-tête est si évidente, chaque niveau manque tant de complexité, qu'il ne faut que quelques secondes pour trouver du premier coup. Alors certes, il y a une centaine de ces « casse-tête » (je grimace à chaque fois que j'écris le mot), mais bon, comme on ne peut pas les enchaîner rapidement puisqu'il faut ramer de l'un à l'autre... Bien sûr, Echo Lake étant en accès anticipé, il peut encore évoluer, d'autant que les développeurs comptent passer un an de plus dessus : ils prévoient d'ajouter un scénario, une radio pour le gamin, de nouveaux lieux, de refaire en partie les graphismes... ils disent même vouloir ajouter « des passages d'action » et « des segments sur une roquette », mais je me demande s'ils ne se foutent pas de ma gueule. L'essentiel ne changera cependant pas, et les casse-tête simplissimes du jeu comme les balades inutiles en barque devraient donc rester la majeure partie d'Echo Lake. À la fin de Hansel et Gretel, cette dernière prend la sorcière à son propre piège et la pousse dans son four.