Holdfast : Nations at War n'est pas le premier jeu à proposer une expérience multijoueur à l'ère napoléonienne. Napoleonic Wars le faisait déjà à merveille. Dans le Canard PC no 335, je vous parlais avec extase de cette extension de Mount and Blade : Warband qui plonge les joueurs dans des matchs à cent contre cent avec pour toute arme des mousquets à un coup par minute, des canons rudimentaires et des sabres en fer. Holdfast : Nations at War suit la même recette : on rejoint un serveur peuplé, selon l'heure, de trente à cent cinquante joueurs, on choisit de défendre l'Empire de France ou d'Angleterre, puis on apparaît en tant que fusilier, officier, porteur de drapeau ou joueur de tambour. Combattre seul est voué à l'échec – on meurt en une balle –, alors on se regroupe derrière un capitaine et on se lance à l'assaut d'un objectif. En un quart d'heure, on court à perdre haleine vers un couvert aux côtés de dix autres soldats sous le feu de l'artillerie, on défend une maison isolée dans la campagne contre la charge adverse et on ratisse les sous-bois en quête d'éclaireurs ennemis. Le tout au son de furieux roulements de tambours ou de la Marseillaise jouée à la flûte. Forcément, c'est merveilleux. Le problème, c'est qu'on faisait déjà tout ça dans Napoleonic Wars. Et pour cause : Holdfast : Nations at War en est un copier-coller éhonté.
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Holdfast : Nations at War
Napoléon, le professionnel
La guerre, c'est comme tout : c'était mieux avant. Hmmm ? « Voyons, Izual, les guerres d'antan étaient de véritables boucheries » ? « Les tranchées, c'était sordide » ? OK. Et le clairon qui résonne avec vigueur dans une vallée de Prusse, c'est sordide ? Cent fusiliers qui s'élancent baïonnette au canon dans la lumière dorée de l'aube, c'est une boucherie ? Que les défenseurs de la guerre moderne retournent piloter des drones depuis le fin fond de bunkers obscurs. Nous autres, nous pourchasserons le panache et la gloire dans Holdfast : Nations at War.
Le tout au son de furieux roulements de tambours ou de la Marseillaise jouée à la flûte.
Iéna qui ne manquent pas de culot. D'ordinaire, le plagiat ne donne rien de très bon. En découvrant l'ampleur de ce que Holdfast avait pompé à Napoleonic Wars – 100 % du jeu –, j'ai même froncé les sourcils avec force. Mais au lieu de fermer Holdfast d'un alt-F4 rageur et de vous conseiller de préférer l'original à la copie, j'ai persévéré. Avec une question en tête : lequel des deux choisir lorsqu'on n'en possède aucun ? Les arguments de Napoleonic Wars sont défendables : sa communauté, massive, adore se vautrer dans un roleplay napoléonien fort comique, tandis que celle de Holdfast est encore naissante. Ce dernier, toujours en accès anticipé, n'offre pas la possibilité de jouer la cavalerie. En plus d'ajouts mineurs (communication au micro dans le jeu, médecins rudimentaires, déplacements plus fluides), il a cependant un argument massue : une ergonomie et des graphismes qui ne datent pas de 2010. Abandonner des arbres squelettiques et des personnages carrés pour des forêts épaisses, des soldats et des effets de lumière dignes de ce nom fait une différence monumentale. Comme sous le Premier Empire, il est parfois juste que l'illustre Vieille Garde laisse place à la Jeune Garde.