La première fois que ma hache a rebondi sur un arbre, ça m'a fait bizarre. Après avoir galéré pendant vingt minutes pour ramasser des brindilles et des silex éparpillés dans la nature, je pensais que mon calvaire était fini : muni d'une hache rudimentaire, j'allais enfin récupérer du bois par quintaux entiers et me bâtir un abri. Mais non : cet outil ne sert qu'à fendre des souches rares et peu généreuses en rondins. Quand on ne connaît pas Hurtworld, l'absurdité d'un jeu de survie où l'on ne peut pas couper les arbres peut étonner. Pour qui s'y est déjà essayé, il ne s'agit que d'une aberration de plus. De fait, lorsque le débutant mourra de froid faute de bois de chauffage alors qu'il est entouré d'arbres, il aura épuisé depuis longtemps son stock de soupirs. Pourtant, sur le papier, Hurtworld dispose de sérieux atouts. Son monde ouvert multijoueur au style cartoonesque lui donne un air de Rust pensé pour ceux qui n'ont pas de PC de la NASA (ce qu'il faut pour jouer à Rust à 60 FPS). Avec un groupe d'amis soudés et du temps libre, il est possible d'y démarrer totalement nu puis, à force de persévérance, de se construire une base immense sur une montagne et de se confectionner des armes puissantes. Bien sûr, à moins de n'avoir que Hurtworld dans sa bibliothèque Steam ou jouer sur un PC trop pourri pour faire tourner quoi que ce soit d'autre, personne n'arrivera jusque-là.
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Hurtworld
Rustre Rust
À force de voir passer des jeux de survie, on finit par prendre des habitudes bien confortables. On sait dès le départ qu'il faut chasser des animaux pour récupérer de la viande, miner de la pierre pour construire une base et se blottir autour d'un feu de camp la nuit pour ne pas mourir de froid. Tout ça est d'un conformisme très agaçant. Heureusement que certains, comme Hurtworld, n'hésitent pas à bousculer nos habitudes bourgeoises.
Aride moteur – à l'école des tourbiers. Le début de Hurtworld est aussi le pire moment du jeu : non seulement on découvre le décor aride et fruste qui nous entourera pendant de longues heures, mais c'est là qu'on se familiarise avec tout un tas de mécaniques agaçantes. Arriver sur un serveur de nuit ou à la fin de la journée, c'est être promis à une mort certaine, car le froid nocturne ne laissera pas le temps au joueur de se confectionner un feu de camp. De jour, ce sont les vétérans qui posent problème, car ils n'hésitent pas à passer une heure à poursuivre les débutants afin de les trucider. Ils ne courent aucun risque à s'éloigner de leurs bases avec leur équipement hors de prix, puisqu'à la mort ils conserveront leur matos sans que d'éventuels assassins ne puissent le récupérer. Je passe sur les serveurs qui rament, les abris de fortune qu'on ne peut pas partager à plusieurs pour des raisons arbitraires : vous l'aurez compris, Hurtworld n'est ni amusant ni intéressant. Conscients de ce problème, les développeurs planchent depuis plus d'un an sur une mise à jour qui chamboulera le jeu de fond en comble, « ItemV2 ». En attendant, Hurtworld, celui du présent, pas celui du futur, reste dans un état lamentable. Curieuse stratégie.