Les mois qui ont séparé l'annonce de Far Cry 5 de sa sortie ont compté parmi les plus fascinants de ma carrière de type payé à glander sur les réseaux sociaux (j'écris aussi sur les jeux vidéo, mais de façon annexe). Sitôt révélé le contexte du titre, un Montana rural aux prises avec une secte évangéliste, un petit groupe d'internautes s'est autoconvaincu, malgré les dénégations d'Ubisoft qui affirmait le contraire lors de chaque interview, que Far Cry 5 serait un jeu engagé, pour ne pas dire militant, une charge anti-Trump radicale. Dans les commentaires sous les articles et les vidéos, ils criaient leur hâte de pouvoir casser du républicain, pendant qu'en face les gamergâteux braillaient leur refrain habituel sur les salauds de gauchistes qui mènent une guerre culturelle au jeu vidéo. Le plus intéressant, dans cette bataille rangée, livrée à propos d'un jeu qui n'a jamais existé ailleurs que dans l'esprit de ses participants, est qu'elle donne raison au maigre propos politique que contient le vrai Far Cry 5.