D'abord, il y a le bonheur. Pas l'excitation de découvrir la banquise gelée, ni la terreur provoquée par les abysses encore inconnues, ni la curiosité devant la faune exotique. Tout ça, ce sera pour plus tard. D'abord, il y a le bonheur : celui de plonger à nouveau dans les eaux d'un Subnautica. Je ne pourrai pas vous décrire le plaisir sans bornes que j'ai pris à nager à nouveau entre deux dunes immergées, à me mouvoir sans efforts parmi les algues hautes et à choisir l'emplacement de ma base (qui sera finalement accrochée au bord d'un ravin profond de deux cent mètres, afin de profiter de la vue). Ces joies simples, les vétérans de Subnautica les connaissent bien : tous, ils ont commencé ce merveilleux jeu de survie sur une planète aquatique (9/10 dans Canard PC n° 374) avec la peur au ventre, puis, trente heures plus tard, ont nagé en sifflotant (bien que ce soit difficile sous l'eau) au beau milieu d'un décor dont ils connaissaient les moindres recoins. Subnautica, c'est le chez-soi des joueurs qui ont toujours rêvé d'incarner Robinson Crusoé. Pour tout vous dire, il m'arrive même de le relancer sans but précis, juste pour le plaisir de barboter dans l'eau peu profonde qui entoure ma base. Vous imaginez bien que quand les développeurs d'Unknown Worlds ont sorti la bêta d'une suite à Subnautica, une sorte de grosse extension (achetée et jouable à part de l'original) qui nous fait incarner un nouveau perso isolé cette fois dans une région glaciale de la planète aquatique, j'étais le premier sur le plongeoir.
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Subnautica : Below Zero
OK sur glace
C'est d'un ton très sérieux qu'un collègue anonyme m'a expliqué que « le problème, avec Subnautica : Below Zero, c'est que ça se passe encore sous l'eau ». Interloqué, je lui ai suggéré d'aller jouer à la marelle dans un mixeur mais il a décliné ma proposition. Depuis, je prépare ma vengeance. Quand il s'émerveillera devant Doom Immortal, je serai derrière lui pour déplorer que ça se déroule à nouveau sur Mars. Quand il attendra le prochain DCS, je surgirai de derrière un buisson pour lui rappeler que ça serait mieux en dehors d'un avion. Quand il voudra essayer Mortal Kombat 11, je serai accroché au plafond, prêt à hurler dans un mégaphone que le jeu gagnerait à devenir non violent. C'est peut-être un peu mesquin, mais que voulez-vous ? On ne peut pas dire n'importe quoi à propos de Subnautica.
L'aventure est très courte, mais elle laisse déjà entrevoir les grandes orientations de Below Zero.
Banquise, d'amour, vos beaux yeux… Sans trop divulguer de détails de l'histoire, je peux préciser d'emblée que les événements de Below Zero se déroulent bien après ceux de Subnautica. La tentaculaire société Alterra s'intéresse enfin à la planète aquatique 4546B et a envoyé des larbins y faire des relevés. Manque de bol, le laboratoire high-tech où travaille notre personnage devient inaccessible et on se retrouve forcé à survivre tant bien que mal dans les eaux froides de l'Antarctique local. Concrètement, ça ressemble beaucoup au début de Subnautica : il faut ramasser des ressources pour se confectionner un couteau, un scanner et des palmes, puis on nous envoie explorer des régions de plus en plus lointaines sous des prétextes divers (et à 30 FPS, accès anticipé obligé). L'aventure est très courte, trois heures en prenant son temps, mais elle laisse déjà entrevoir les grandes orientations de Below Zero : par exemple, d'immenses îles de glace et plusieurs banquises flottantes, parsemées de pingouins aliens, laissent présager de vraies sessions d'exploration à l'air libre. Le joueur y sera aidé dans ses déplacements par une moto sur coussin d'air (encore absente de la bêta), preuve de la volonté des développeurs d'utiliser la surface de la planète davantage que dans Subnautica. Avec, en bonus anxiogène mais palpitant, la (rare) surprise de se retrouver bloqué par une étendue de glace lorsqu'on remonte des profondeurs pour respirer.
Échauffement climatique Alors que la construction de base est l'un des grands plaisirs de Subnautica, on ne débloque cette possibilité qu'à la toute fin du segment scénarisé de l'accès anticipé, une fois qu'il n'y a plus de tâches à accomplir. C'est décevant, d'autant que beaucoup d'objets essentiels manquent à l'appel (déco, systèmes de survie…). Allez, si ça vous manque trop vous pouvez toujours tout débloquer avec la console (F3, F8, décocher « desactivate console », appuyer sur la touche ù, taper « unlockall » et valider), mais attention au divulgâchage.
Hélène et les glaçons. Pour l'instant, la nouveauté la plus flagrante de Below Zero n'a cependant pas grand-chose à voir avec le climat. De toute évidence, les développeurs ont voulu s'éloigner du délicieux isolement de Subnautica, avec ses rares dialogues et ses objectifs souvent incertains. Dans Below Zero, à l'inverse, l'héroïne est très souvent en contact radio avec le satellite d'Alterra qui survole la planète, lequel ne manque pas de lui envoyer des ordres de mission ou des caisses de ravitaillement. Du coup, non seulement l'atmosphère est souvent égayée par des bavardages mais en prime on sait toujours quelle est la tâche suivante à accomplir. Pour ne rien gâcher, on se sent toujours aussi libre : entre deux quêtes, rien n'empêche de prendre son temps pour rêvasser, construire une base (voir encadré) ou explorer les décors de Below Zero. Entièrement nouveaux, ceux-ci proposent quelques biomes riches en détails, en flore exotique et aussi en originalité : la zone des Twisty Bridges, avec ses immenses tentacules de pierre luminescente, est l'un des plus beaux endroits que j'ai pu visiter dans un Subnautica. Hélas, dès qu'on s'éloigne de ces quelques régions finement ciselées, on tombe sur des coins déserts, sans vie ni rochers, avec juste du sable à perte de vue. Plus que les performances au ras des pâquerettes et les quelques bugs mineurs que j'ai pu rencontrer, c'est cette petite taille de la zone de jeu qui m'a forcé à arrêter ma partie sitôt le premier chapitre terminé. Là, content de ma courte aventure mais resté sur ma faim, je me suis dit que ça aurait été bien, tout de même, de découvrir Below Zero d'une seule énorme traite.