« Je serai forcément sorti ce week-end !, dit le gros jeu en bombant le torse. Regardez ma couverture, avec ses illustrations ciselées de nains zombies galactiques. Et je contiens plus de 100 figurines ! – Peut-être, rétorque une autre boîte en tentant de cacher ses illustrations, mais moi j’ai une mécanique qui permet de simuler de façon précise la gestion d’une boutique de glaces dans les Andes au XVIIIe siècle… et des meeples lama ! » Sur l’étagère du dessous, Splito sifflote.
Sur l’étagère, les pavés s’alignent : une série de bouquins de jeux de rôle, tous constitués de pages et de pages de texte décrivant l’univers de jeu, les règles, éventuellement un scénario… Tous ? Non. Dans une section de la bibliothèque, quelques petits jeux de rôle résistent à l’empilement stable et l’alignement strict de par leur format plus original.
« Un jeu de QUIZ ? T’es SÉRIEUSE ? » Comme d’hab', je joue avec Captain Ronchon et Grincheux 1er. Mais il faut admettre que, si je n’avais pas connu TTMC, au vu du plateau à la Trivial Pursuit dans le couvercle et des piles de cartes question (dont le thème « Scolaire »), j’aurais sans doute envoyé un SMS discret à ma sœur pour qu’elle m’appelle en feignant l’urgence.
Si en jeu de plateau, je m’enorgueillis de ne pas avoir de pile de la honte, en jeu de rôle, j’estime que ça ne compte pas. Ou plus précisément qu’un manuel lu est parfois un manuel qui a fait son office de découverte d’univers, parfois d’inspiration pour d’autres parties. Avec ce prisme, forcément, je vois des arcs-en-ciel quand j’entends parler d’un setting un peu inédit. Et, comme je ne fais pas des intros que pour le plaisir de parler de moi, Vaesen, c’est pile ça.
RedSquirrel bondit dans les arbres de Malakoff, à la poursuite de l’homme de main à pied. Lorsqu’elle s’abat sur lui, étendant sa cape tel un écureuil volant, il bégaie : « Je n’ai pas la clé USB ! Mais je peux t’indiquer le point de rendez-vous de demain, le Boss y sera ! » Elle grimace. Demain ? Quelles chances que cela ne l’oblige à rater ni le passage du technicien de la fibre, ni le live Twitch pour la sortie du dernier hors-série ?
Le manuel comporte une table consacrée aux (originales) façons de mourir. Voilà. Je crois qu’une fois qu’on a dit ça, l’ambiance est posée. Le titre ne ment pas : death, c’est fait. Quant au space, il y en a aussi. De moins en moins, car l’univers a commencé à se contracter pour s’effondrer sur lui-même. Mais il y en a.
Complices, c’est avant tout une promesse de jeu, ou pitch comme on dit chez Pasquier, complètement folle. C’est un party game à deux, et un jeu frénétique où il faut prendre son temps. Vous voyez la scène de Haute Voltige avec les lasers ? Ça, mais avec un feutre, et je ne parle pas du chapeau sur la tête de Sean Connery*.
* Je ne sais plus s’il porte un chapeau dans ce film, mais le revoir juste pour expertiser un jeu de mots représente très exactement la limite de ma conscience professionnelle.
Attaquons tout de suite le Chtonien dans la pièce. Un jeu à la Lovecraft, est-ce qu’il n’y en aurait pas déjà un ? Pas sûr, en fait. L’Appel de Cthulhu mobilise l’univers, mais de façon orientée enquête, avec le fameux Trouver objet caché qu’on finit par mobiliser mentalement au moindre chargeur perdu.
«C’est vraiment le meilleur jeu de rôle de l’année, vous savez ?
– Votre baguette, c’est aux graines ou normale ?
– C’est tellement intense en émotions, hyper prenant, et il suffit d’avoir une heure trente devant soi…
– Je n’ai pas une heure trente, je travaille, Madame. Je vous ai mis aux graines, c’est un euro vingt.
– Ça se joue entièrement par écrit, et on peut utiliser des GIF ! Vous avez déjà fait du jeu de rôle avec des GIF animés, vous ?
– Bon, maintenant vous sortez ou j’appelle les flics ! »