Avec le jeu de société du même nom, il y avait déjà de quoi être sur la Root toute la sainte journée. Dans cet affrontement sylvestre où l’on se dispute les clairières, chaque faction (les oiseaux, les rongeurs, les gros minets…) a sa mécanique propre. Il y a aussi un brin de fluff, et je ne parle pas que des oreilles des protagonistes : l’asymétrie est explicitée par le lore. La tentation de développer tout ça était grande, et c’est ce qui aurait donné lieu à l’adaptation en jeu de rôle.
Des jeux de gestion, il y en a plein, des spatiaux et des ruraux, des durs, des doux, pour tous les goûts. Mais ce qui fait dresser l’oreille, c’est la promesse d’une expérience avec une cohérence thématique, qui permet de partager ces « gros » jeux avec des potes moins férus de calcul stratégique.
Les informaticiens de jadis manipulaient des orgues de barbarie, à ceci près qu’ils ne jouaient jamais Le temps des fleurs, parce qu’on ne peut pas avoir tous les vices. Cette technologie de la carte à trou, c’est ça que Turing Machine veut restituer dans un jeu de déduction.
Ce que je préfère en festival, c’est jouer avec des personnes de tous horizons, dont je ne sais rien à part qu’elles jouent vert et défensif ou qu’elles ont su dessiner Louis XV avec des légumes. Cette image d’Épinal très We are the world n’est pas forcément fausse. Sauf que pour vraiment pouvoir tomber sur n’importe qui en festival, il faut que ces événements puissent être accessibles à tous. Économiquement, la plupart des conventions sont gratuites ou peu chères, ce qui d’ailleurs relève généralement d’une volonté de ne pas rester entre passionnés. Mais concernant l'accessibilité aux différents types de handicaps, autant vous dire que c’est encore en travaux.
Les extensions, ça revient souvent à faire détresse, parce que ça pose des tas de questions. Pour commencer, comment ne pas titrer un texte sur l’add-on de Dune : « Et de deux » ? D’un autre côté, est-ce que ce n’est pas 300 % éculé ? Pour continuer : c’est quoi, une bonne extension ? Faut-il qu’elle change le jeu, qu’elle y permette de nouvelles manières de gagner, ou qu’elle le prolonge ? Et le fameux : c’était quoi ce point de règles déjà ?
J’en avais d’autres, des jeux de mots, je me serais fait le plaisir de citer Jules Romain, malheureusement le bouquin le précise très vite : avec pas mal de références d’Europe de l’Est, ça se prononce « Nots ». Mais je ne vais pas me laisser démonter pour si peu, car ce jeu rétrofuturiste ne se fonde pas que sur la nots-algie.
Les jeux d’été sont divers* mais des fois ils se posent sur la nappe de pique-nique comme des évidences. Chapeau au trompe-l’œil de Paquet de Chips, en Tyr-éelle ou presque, ludiscore à l’appui. D’ailleurs, comparez avec la version US : c’est rouge, ça oublie l’aspect « à l’ancienne » et l’image qui tente d’évoquer la légèreté.
« Une envie de jeu de rôle, ça n’attend pas ! » Non, cet emprunt lamentable à une pub Peugeot ne vise pas à vous vanter les mérites du jeu sans matériel en voiture (quoiqu’on pourrait parler de Ribbon Drive…), mais simplement à évoquer les bénéfices du jeu de rôle solo. Car en plus d’être – vous l’ignorez peut-être – possible, il est évidemment antioxydant et donne le poil brillant.
« Oh, c’est Golem ! Royal ! » Quand j’arrive avec la boîte, l’enthousiasme est au max. Il faut dire que le couvercle avec la tête d’argile aux yeux bicolores sur fond noir en jette, et que jouer avec des billes dans un gros jeu de gestion, ça n’arrive pas tous les jours.