Il en a pris pour perpette
Voilà plusieurs mois que les créateurs de Perpetuum (que l'on résumera ainsi : Eve Online, mais avec des robots) avaient cessé de développer leur jeu en raison d'une trop faible fréquentation des serveurs. Ce genre de situation, communément baptisée « l'antichambre de la mort » ou encore « planquez-vous, ça va péter » par les plus fins connaisseurs, ne connaît généralement qu'une issue fatale. Perpetuum n'a donc surpris personne en éteignant son dernier serveur officiel dans la journée du 25 janvier, laissant ses derniers joueurs orphelins. La situation n'est toutefois pas aussi noire qu'il y paraît, puisque des joueurs ont lancé leurs propres serveurs avec l'aide des développeurs, tandis que le prix du titre vient de s'effondrer à 5 euros sur Steam et que le site, la wiki et le forum officiels sont maintenus en vie. Oui, bon, c'est juste noir comme une nuit sans lune, quoi.
Le champ des impossibles
Les cadres d'EA ne sont pas très satisfaits des chiffres de Battlefield 2042, qui a recensé « seulement » 22 millions de joueurs. Selon Ars Technica, qui a pu s'entretenir avec des développeurs au bout du rouleau, leur objectif pour le prochain jeu de la franchise est de 100 millions de joueurs, ce qui paraît au mieux démesuré, au pire complètement inatteignable (pour rappel, aucun épisode de Battlefield n'a jamais atteint ce chiffre, pas même leur plus gros succès, Battlefield 1, avec environ 30 millions de joueurs). Comme le disait si bien Oscar Wilde : « il faut toujours viser la lune car en cas d'échec, on pourra toujours licencier des employés plus tard en leur expliquant qu'ils n'avaient qu'à atteindre leurs objectifs ». ER.
IA des claques qui se perdent
Après une première vague de licenciements en mai, durant laquelle 6 000 employés de Microsoft avaient déjà été renvoyés, l’entreprise continue de trouver des manières inédites de cracher à la figure de ses équipes : 9 000 autres salariés vont perdre leur emploi – pardon, « moins de 4 % des effectifs » vont perdre leur emploi pour que l’entreprise procède à « des changements organisationnels nécessaires au positionnement favorable de ses équipes dans un contexte de marché en évolution », selon une porte-parole de Microsoft, qui je l’espère, dort extrêmement mal le soir. Parmi les plusieurs centaines d’employés de Xbox concernés, le studio The Initiative (qui travaillait sur le prochain Perfect Dark) devrait bientôt fermer ses portes, tandis que King (qui sont notamment responsables de Candy Crush, une petite pépite indé qui doit se vendre très mal), Raven Software et Seldgehammer Games (Call of Duty, une autre franchise méconnue qui peine à trouver son public) ou encore Turn 10 Studios (Forza Motosport, jamais entendu parler) vont devoir réduire leurs effectifs, tandis que Blackbird, un projet de MMO développé par Zenimax Online Studios, vient d’être annulé. Pourquoi une telle décision, alors que Microsoft se porte très bien et compte 200 milliards de dollars de bénéfice sur ces deux dernières années ? La réponse est tellement manichéenne qu'il m'en coûte de l'écrire : l'entreprise compte investir plus de 80 milliards de dollars dans leur infrastructure liée à l’intelligence artificielle sur cette prochaine année fiscale. ER.
Photo : Coolcaesar via Wikimedia Commons
Signez, c'est gagné
L’initiative citoyenne européenne Stop Killing Games a atteint son objectif d’un million de signatures provenant d’au moins sept pays de l’UE différents. Après vérification des noms, la Commission aura trois mois pour étudier le dossier. Coordonnée par le vidéaste américain Ross Scott, elle appelle à un cadre législatif au sein de l’Union européenne afin d’empêcher l’obsolescence de certains titres qui ont besoin de serveurs. Initialement mal engagée, la pétition a décollé après une vidéo pessimiste de Ross Scott qui a incité des influenceurs de premier plan à se mobiliser pour la mettre en lumière. Pirate Software, développeur, Youtubeur et détracteur de l’initiative, a également contribué sans le vouloir à cette réussite tant il est devenu la risée du net à cause de ses arguments jugés particulièrement malhonnêtes. C’est toujours plus facile de mobiliser contre un bon ennemi. K.
Vous porterez quoi pour la mort de l’écran bleu ? Le nouvel écran « de la mort » de Windows 11 qui le remplacera cet été, lui, arborera un noir des plus solennel. Quant à l’acronyme anglais BSoD, par la grâce des couleurs qui commencent par la même lettre, il survivra à ce changement funeste. K.
Ici, c’est paris
L’e-sport n’est pas la poule aux œufs d’or qu’on nous vend depuis des années. Riot, qui gère League of Legends et Valorant, constate cette morosité chronique et cherche un moyen de trouver une rentabilité à cet écosystème. Entre en scène l’activité économique élue saveur de l’année 2025 par un panel de consommateurs diagnostiqués avec un syndrome d’addiction d’après le DSM-5 : une offre de pari e-sportive sponsorisée par le développeur. Je vous entends râler, bande de pisse-vinaigre, mais Riot l’assure, « on le fait de manière responsable » ! L’éditeur soutient que les paris se font déjà, en réalité, via des sites non régulés pour la majorité d’entre eux. Et c’est vrai que les chiffres qu’il avance impressionnent : plus de 10,7 milliards de dollars de mises en 2024. Alors, moral ou pas, ça serait surtout criminel de ne pas prendre un petit pourcentage en passant. K.
Plan de départs à trois
Subnautica 2 doit débarquer en early access cette année, mais, en attendant, vous savez qui a été débarqué ? Les trois fondateurs d’Unknown Worlds Entertainment, les Américains à l’origine de la série. On apprend ce départ coordonné par l’éditeur coréen Krafton (PUBG) qui s’était offert le studio en 2021 pour au moins un demi-milliard de dollars. Ce n’est qu’une hypothèse, mais, étant donné la manière dont il est rédigé, je commence à suspecter que le trio a appris son départ en même temps que moi, en lisant le communiqué de presse. Autre hypothèse parfaitement crédible : le contrat de cession du studio comprenait une clause forçant les fondateurs à rester pendant une certaine durée s’ils voulaient toucher le pactole. Une période qui viendrait donc tout juste de toucher à sa fin. À eux le Subnauticash. K.
Peak, le jeu de grimpette, s’est écoulé à 2 millions d’exemplaires en 9 jours. De quoi rendre fous ses développeurs chez Aggro Crab, dont l’un s’interroge : « Pourquoi ce stupide jeu de game jam se vend mieux qu’Another Crab’s Treasure [NDR : leur jeu précédent], je vais péter un plomb. » K.
De pied (de nez) en cape
Arrowhead, le studio derrière Helldivers 2, annonce la distribution d’une nouvelle cape à tous les joueurs. Floquée de grandes barres rouges et de petits carrés bleus, elle commémore le review bombing du jeu. Ce dernier est survenu après que Sony, l’éditeur, a décidé de forcer l’inscription de tous les joueurs sur le PSN. À juste titre, les review bombers ont rappelé qu’une telle politique exclurait les personnes issues de pays où le PSN n’est pas proposé. Cette décision a depuis été annulée et Arrowhead, qui n’a jamais fait mystère de ses positions en la matière, offre cet objet cosmétique pour enfoncer le clou. Tout cela est bien joli, mais n’oublions quand même pas que la pratique est également l’arme de choix pour protester contre la présence de personnages LGBT ou noirs dans le jeu vidéo. K.
Choisir où conduire, il faut boire
Ces dernières années, j’ai plutôt surpris Nintendo à être à l’écoute. Et avec Mario Kart World, c’est encore une fois ce qu’il s’est passé. Nintendo a écouté sa communauté. Elle s’est rendu compte que, durant les parties en ligne, elle sélectionnait « aléatoire » en masse. Il s’agit en effet du seul moyen de garantir des courses en trois tours, plutôt que ces désespérants itinéraires en ligne droite qui séparent les circuits. Nintendo a donc écouté et n’a pas aimé ce qu’il a entendu. Dans une énergie de parent « qui nous explique que c’est pour notre bien », le développeur a poussé une mise à jour qui fait que l’aléatoire sélectionnera la plupart du temps un itinéraire. Si Timéo, 9 ans, aime possiblement ça, ce n’est pas le cas d’une part non négligeable et vocale de joueurs qui demande simplement à ce qu’on leur donne le choix. Peut-être l’aura-t-on quand Nintendo aura fini de bouder. K.
Bien sûr, voici une news sur l’utilisation présumée de l’IA dans « The Alters » écrite dans le style de Canard PC :
Si l’utilisation de l’IA dans le jeu vidéo semble inéluctable, ce n’est pas du côté des Polonais d’11 Bit Studios qu’on s’attendait à en voir apparaître les scories. Dans The Alters, si un bout de texte d’agrément dans un écran à peine visible fait parler — « Bien sûr, voici une version révisée qui se concentre uniquement sur des données scientifiques et astronomiques » —, d’autres signes plus flagrants se lisent dans les sous-titres, notamment portugais brésilien et coréen. Autant vous dire que certains joueurs (en particulier à Busan et São Paulo) ne le prennent pas super bien et demandent quelques comptes. Surtout que les règles de Steam sont claires à ce sujet : utiliser de l’IA est toléré à condition de l’indiquer sur la page du magasin, ce qui n’est pas le cas de The Alters. J’en connais qui vont finir en pierogi. K.
I use Arch btw
Ars Technica a benchmarké cinq gros jeux Windows natifs sur une console-PC portable Lenovo Go S, utilisant d'abord Windows 11, puis SteamOS (le Linux à la sauce Valve qui peut faire tourner certains jeux Windows grâce à la surcouche Proton). Et les résultats sont aberrants. Returnal, Cyberpunk 2077, Homeworld 3 et Doom : The Dark Ages sont systématiquement plus fluides sur SteamOS, aussi bien en 1920×1200, détails à fond, qu'en 1280×800, détails au minimum. Sur Returnal, l'écart en termes d’images par seconde va même du simple au double. Il n'y a guère que Borderlands 3 qui tourne très légèrement mieux (7 %) sur Windows 11. Microsoft a donc réussi l'exploit d'alourdir son système d'exploitation jusqu'à le rendre moins performant dans les jeux vidéo qu'un émulateur sous Linux. À un moment, on va finir par se radicaliser. A.
Vous voulez créer un mod pour Stalker 2 qui transforme tous les personnages en poulets géants ? Oui, c'est possible, mais bon courage : en plus du jeu en lui-même (160 Go), il faudra installer le tout nouveau Stalker 2 Zone Kit qui fait presque 700 Go.
Laissons le marché du travail s'autoréguler
D'après un post de George Broussard sur Bluesky, Microsoft serait en train de préparer une grosse charrette de licenciements dans sa division Xbox. L'ami George, qui, rappelons-le, a produit Duke Nukem 3D, Prey, Max Payne, et prend probablement des cafés avec ses anciens collègues, évoque 1 000 à 2 000 suppressions de postes et des « studios entiers qui pourraient être fermés ». Ses sources en interne lui parlent de développeurs qui se rongent les ongles en attendant le couperet. D'après Bloomberg, la lame pourrait tomber la semaine prochaine. Ce serait la quatrième vague de licenciements en 18 mois chez Microsoft, qui a réalisé un profit de 93 milliards de dollars l'année dernière. A.
Le point santé/bien-être
Les jeux vidéo peuvent-ils vous déstresser après un épisode stressant ? Oui, mais il y a des subtilités. Je vous résume les conclusions d'une étude scientifique menée sur 82 participants jouant à A Plague Tale et publiée dans l'International Journal of Psychophysiology. Si vous êtes dans un passage non violent du jeu, votre niveau de stress réel (mesuré par un électrocardiogramme et le niveau de cortisol dans la salive) et ressenti (exprimé par un questionnaire) diminue. Si vous êtes dans un moment violent, votre niveau de stress ressenti augmente, tandis que votre niveau de stress réel... diminue lui aussi. En clair, le jeu vidéo réduit le stress dans tous les cas, mais vous aurez quand même l'impression (faussée, car sans réalité physiologique) d'être stressé si le jeu vous met dans une situation violente. Faites-en ce que vous voulez, moi, je retourne jouer à mes city-builders pacifistes. A.