Le cube ordé de nouilles
Les crypto-soviétiques dans mon genre ont toujours le cœur serré en pensant à la boutique officielle de mods de Minecraft. Il s’agit d’une sorte d’enfer numérique où des mods et des skins sont proposés à la vente contre des « minecoins » achetées à Microsoft. Là, je viens de me résoudre à y faire un tour en frissonnant et je suis tombé sur les skins CUTE RAINBOW DRAGONS (490 minecoins), le texture pack KAWAII ANIME (1 170 minecoins) et le sibyllin MASH-UP APOCALYPSE DES MUTANTS (1 340 minecoins). Eh bien, figurez-vous que je ne suis qu’un vieux boomer aigri, puisque ces transactions ont rapporté 350 millions de dollars en quatre ans, dont plus de la moitié se sont retrouvées dans la poche des bienheureux moddeurs après que Microsoft a pris sa part. Finalement, c'est un système plutôt carré. I.
Papy fait de l'ARPG-résistance
L’an dernier, Rod Fergusson — qui chapeaute les Diablo depuis 2020 — avait proposé de normaliser « Diablo-like », pour cesser d’utiliser le terme ARPG qui, il est vrai, ne veut pas dire grand-chose. Personnellement, je pense qu’il commence à avoir très peur que nous commencions à les appeler des Path of Exile-like, mais passons. Toujours est-il que David Brevik, l’un des papas de Diablo et Diablo 2, s’inquiète surtout de l’évolution de ces hack & slash (ah tiens ? Il y a un terme sans référence à vos marques, c’est vrai), et ne s’y retrouve pas. De son temps, on faisait de la bonne bouffe et pas du fast-food, explique-t-il au site VideoGamer. En gros, aujourd’hui, on dégomme tout sur l’écran, on coupe des têtes, on loote, mais sans la finesse et la tactique des temps anciens où l’on dégommait tout sur l’écran, on coupait des… têtes, on… lootait ? Oui, je vois ce qui vous trouble. Disons qu’on le faisait plus lentement, sans être récompensé toutes les deux secondes, car l’important : « Ce n’est pas d’arriver à la fin, c’est le voyage ». Sa fé réfléchir. P.
Abus de faiblesse
C’est moche ce que vous faites Galaxy Grove, c’est très moche. Exploiter comme cela mon amour des gros voxels, c’est petit et vil. J’avais résisté aux trains tout mignons de leur Station to Station, refroidi par Izual qui ne voyait rien d’autre dans sa démo qu’un joli puzzle game pour enfants, sans profondeur aucune. Izual n’est plus là, je suis seul face à la tentation désormais, et je suis faible. Annoncer Town to City, qui a l’air d’être exactement la même chose, mais sous la forme d’un city-builder alors que je suis vulnérable, c’est presque déloyal. Et sans grille, pour fabriquer une cité du XIXe toute en courbes et en suavité ? Quelle indignité. Pas de date annoncée, ce qui me laisse un peu de temps pour travailler ma résistance mentale. P.
Tout est footu
Ivan le Fou vient officiellement de déclarer 2025 « année de merde pour le jeu vidéo ». C’est un peu tôt, alors que le printemps n’a pas encore déposé sa tiédeur sur nos corps et ses allergènes dans nos nez, mais pas pour lui. Le jour même où il pouvait enfin jouer à sa première sucrerie annuelle (Civilization VII), Developer Sports Interactive et Sega ont décidé de lui gâcher son plaisir en annulant purement et simplement la seconde : Football Manager 2025. Depuis, il tente de se consoler en hurlant dans la rédaction : « ackboo, remonte remonte ! Reste pas planté », « Bouge Perco, je te paye pas un million (NDPerco : de roubles) pour glandouiller » ou encore « Ellen, 4-4-2 j’ai dit ! Le brassard de capitaine il faut le mériter ». Nous jouons le jeu, mais voyons bien dans son regard que ce n’est pas pareil. Courage patron. P.
Scènes de surmenage
Les développeurs espagnols de la Deconstructeam (The Cosmic Wheel Sisterhood, Essays on Empathy, The Red Strings Club...) viennent de sortir un petit jeu gratuit intitulé Vendrán Las Aves (ne me demandez pas ce que ça veut dire, j'ai fait LV2 allemand). Pour résumer, c'est une sorte de petit Tamagotchi où vous incarnez une jeune femme qui vient de quitter son travail après un burn-out, et qui s'est acheté une guitare avec ses indemnités et compte bien passer une année à prendre du temps pour elle. Sauf que la vie après un burn-out n'est pas un long fleuve tranquille : chaque action lui demande de l'énergie, et elle n'en a plus beaucoup. Mais petit à petit, à force de réussir à se lever pour prendre une douche et manger les tupperwares que lui laisse sa mère, elle commence à lentement se reconstruire. C'est court et très efficace, et c'est disponible en anglais (et en espagnol, si c'était votre LV2) sur itch.io. ER.
Royal Canin
ARRÊTEZ TOUT, plein d'articles sur Sleeping Dogs (à savoir l'un des meilleurs GTA-like de tous les temps, dont je pleure encore l'absence de suite) se sont mis à fleurir sur mon fil d'actualités, c'est le plus beau jour de ma vie. OK, on me souffle dans l'oreillette que c'est juste dans le cadre d'une potentielle adaptation au cinéma, vous pouvez ramasser les cotillons. L'acteur Simu Liu (je suis trop snob pour me fader tous les films Marvel, mais sachez qu'il joue Shang-Chi) est pressenti pour le rôle principal, selon IGN, et le film serait en cours de développement, après un premier projet (avec Donnie Yen) avorté en 2017. Je ne sais pas si c'est vraiment nécessaire dans un monde où Infernal Affairs et l'intégralité de la filmographie de John Woo existent, mais si ça permet de faire revivre l'une des licences les plus prometteuses de ce millénaire, je suis prête à aller le voir cinquante fois même s'il a 2 % sur Rotten. ER.
La vie après GTA
Depuis son départ de Rockstar en 2018, Dan Houser est plutôt avare en nouvelles. Pour le moment, on sait juste qu'il a fondé un nouveau studio nommé Absurd Ventures en 2023, qu'il avait annoncé par un trailer cryptique avec un tas d'images dépourvues de contexte (des cochons en train de manger, un astronaute en plein entraînement, des steaks qui cuisent sur un barbecue, entre autres). On sait aussi que son prochain jeu devrait se dérouler dans un univers appelé « l'Absurdaverse », et qu'il a désormais un premier artwork : on y voit une dizaine de personnages hétéroclites, comme un type avec un chapeau haut de forme, une skateuse, un Viking et des cadres en costard. Toujours aucune autre info, si ce n'est qu'il s'agira d'un jeu d'aventure « porté sur l'histoire, avec de l'action et de la comédie ». Je sais, ça vous fait une belle jambe. ER.
« Gnagnagna Ellen, tu ne parles que de jeux d'horreur et d'expériences narratives obscures en pixel art développées par des Hongrois », j'ai entendu vos plaintes, alors aujourd'hui je vais faire un effort : Straftat, le meilleur shooter de 2024 selon Sébum (mais certainement pas le plus beau jeu de l'année, à en croire les captures qui ponctuaient son test), vient d'être doté d'une gargantuesque mise à jour gratuite avec 30 cartes et 9 nouvelles armes. ER.
Agiles de La Tourette
Electronic Arts est en péril. Enfin, le péril des riches, celui où l’on annonce gagner de l’argent, mais moins que prévu. Ne rigolez pas, pour eux, c’est l’équivalent d’un déclassement social, de la honte, du mépris des autres dans les garden-parties. Mais la théorie du ruissellement inversé marche ! Alors ils font ruisseler les emmerdes sur Bioware. Après le départ mi-janvier, après 18 ans de boîte, de la directrice de Dragon Age : The Veilguard (1,5 million de ventes sur les trois millions espérés, ce qui est bien, mais pas ouf), c’est tout le studio qui est licenci… ah pardon « réinventé », pour être « plus agile, plus focus » (sic). Les employés sont éparpillés façon puzzle sur d’autres projets d’EA et seule une toute petite poignée reste pour s’occuper du prochain Mass Effect. Aucun licenciement ? C’est marrant ça, car des salariés historiques de Bioware cherchent du travail et annoncent avoir été virés. Des gens pas agiles, sans doute. P.
Le Forum des images, à Paris, organise le 20 février un événement en partenariat avec Canard PC intitulé « Game Night : elles sont (aussi) là pour rester ! » : vous y croiserez notamment Emi Lefevre (directrice créative de Caravan SandWitch), Lenophie (game designer de Paquerette Down the Bunburrows) et Marie Marquet (directrice créative de Tinykin) au cours d'une discussion animée par notre chère Yamukass. La billetterie vient d'ouvrir sur leur site, venez nombreux ! ER.
« Quand vraiment on a une confiance, on devient confiant. »
Les débuts sont difficiles pour les nouveaux studios. Prenez Force Multiplier Studios, par exemple, ils ont beau écrire partout sur leur site web qu’ils sont « axés sur la narration » et visent la création de « franchises à succès pour le marché mondial » avec « une équipe de rêve » d’anciens d’Activision Blizzard, Sony et Respawn… bon, ben à part un mode de jeu fait avec l’Unreal Editor pour Fortnite (UENF), leur escarcelle est vide, nada, walou. Mais tout pourrait changer, grâce à une acquisition phénoménale. Le studio vient en effet de dévoiler détenir les droits d’adaptation sur l’un des plus grands films de tous les temps, et préparer le jeu vidéo associé pour 2025. Ce classique intemporel, qui relègue 2001, l'Odyssée de l'espace ou Citizen Kane au rang de téléfilms, et a fait dire humblement à Ingmar Bergman « Je croyais savoir bien faire un film, je me trompais » ? Kickboxer, avec Jean-Claude Van Damme. Bordel, j’ai hâte. P.
Doom: The Dark Age sortira le 15 mai et nous mettra aux commandes d’un vrai tank sur pattes. Plus lent (vous n’avez plus vos réflexes de 1993), uniquement solo (vos amis sont morts de vieillesse) et vendu 80 balles (depuis l’euro, vous êtes perdu avec les chiffres), le jeu d’id Software vise le titre de GOTY 2025 des EHPAD. P.
Déjà la rupture ?
Ackboo aimait déjà bien les Polonais de Creepy Jar, qui lui avaient fait passer de belles vacances, entre dysenterie et enfer tropical, avec leur Green Hell (un comble pour la patrie d’adoption des allergiques aux couleurs). Avec StarRupture, le studio tente de l’embrasser directement sur la bouche : un jeu de survie sur une planète pénitentiaire, qui regroupe ses trois passions, la construction de base, l’industrialisation à la Satisfactory et les douches collectives. Le tout avec des cataclysmes réguliers, du froid extrême aux vagues de chaleur, en passant par des concerts de Bernard Menez. Et là, au milieu du rendez-vous, le faux pas bête : il y a aussi un aspect FPS contre des vagues d’aliens locaux et le jeu peut se jouer en coop’ jusqu’à quatre. Red flag ou l’amour est-il plus fort que tout ? Réponse pendant l’accès anticipé, cet automne. P.
Au Japon, Ubisoft sortira une version d’Assassin’s Creed Shadows sans décapitation ou démembrement des ennemis. Leur organisme équivalent du PEGI a été choqué, puis est retourné mettre des « 8 ans ou plus » à des jeux avec des écolières et des tentacules. P.
Jamais sans ma file
La sortie, début février, des RTX 5090 et 5080 de Nvidia, prouve que les fans de cartes graphiques et de Taylor Swift ont un point commun : l’amour des tentes de camping. Il semble que certains ont en effet planté les piquets devant des magasins de la chaîne américaine Micro Center plusieurs jours avant. Au point que l’enseigne s’est fendue d’une vidéo FAQ et a déconseillé la méthode en expliquant « Il fait froid et ça ne sert à rien, soyez raisonnables », tout en rappelant sournoisement qu’il n’y en aurait pas pour tout le monde. Au contraire, je trouve cela très bien. Ils s’habituent ainsi à vivre dans les conditions qui les attendent, après avoir dépensé 2000 brouzoufs pour une carte et ne pas avoir pu payer leur loyer. Ah attendez, on me signale qu’il n’y a pas que des idiots dans ces files, mais aussi des voleurs, qui se préparent à tout revendre sur eBay comme des sagouins. Au temps pour moi. P.
Le mur des réalités
Sans doute le premier effet de l’élection de Donald Trump sur le monde du jeu vidéo, Fallout : Nuevo Mexico est annulé. Pour ceux qui découvriraient l’existence de ce projet (moi), il ne s’agissait pas d’un jeu en développement chez Bethesda Guadalajara, sans doute car je viens tout juste d’inventer cette antenne du studio. On parle ici d’un très ambitieux mod, de la taille d’un vrai DLC. Cette conversion de Fallout 4 voulait délocaliser le Wasteland au Mexique, à l’image d’un Fallout : London, mais avec moins de thé et plus de téquila. La « colonie en décomposition de Chapultepec » et « les canaux submergés de Xochimilco » resteront donc un doux rêve. Malgré les milliers d’heures déjà investies, le coût humain et financier est trop lourd et le développeur principal préfère renoncer pour « donner la priorité à [s]a santé mentale et faire face à la réalité ». Ah ! Vous voyez bien que c’est lié à l’élection américaine. P.