Nous sommes le 28 janvier 2016. Funcom, poursuivi par des hordes de banquiers en colère, annonce Conan Exiles. À ce moment, l'entreprise ne va pas très bien. Ou plutôt, « elle saigne carrément du cul grave », comme on dit dans les milieux autorisés, dans lesquels on s'autorise peut-être un peu trop de choses. Le souci ? Lego Minifigures Online est sur le point d'être fermé, le succès de The Park s'avère plutôt limité, Age of Conan prend l'eau et The Secret World ne doit sa survie qu'à ses fans les plus absolus. Après une année d'annonces cataclysmiques et une faillite évitée d'un cheveu, l'annonce d'un jeu de survie dans l'univers de Robert E. Howard laisse penser que les dirigeants de Funcom sont devenus complètement fous. Et pourtant...
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Conan Exiles
Qu'y a-t-il de mieux dans la vie ?
Par où commencer lorsqu'on s'attaque à un jeu comme Conan Exiles ? Par l'essentiel : il y a des zizis, des fesses, des seins et des entrechats. Mais ne criez pas « tous à poil ! » trop rapidement, car il y a aussi un vrai jeu vidéo sous cet amas de stupre. À ce qu'il paraît, c'est d'ailleurs un copier-coller scandaleux d'ARK : Survival Evolved, à tel point que ses développeurs méritent d'être démembrés sous les yeux de leurs mères. Et si on respirait un grand coup pour faire le point ?
Écraser ses ennemis. Un an plus tard, Conan Exiles est disponible en accès anticipé sur Steam. Oui, c'est court et le côté « loin d'être fini » du titre n'empêche pourtant pas son principal concurrent de lui tomber dessus en lui appuyant sur la tête avec ses grosses rangers. À peine Conan arrivé sur Twitch, un développeur de Wildcard Studios a débarqué dans les commentaires des streams pour demander innocemment « comment s'appelle ce super mod pour ARK ? », alors même que son jeu était en promotion sur Steam. En moins de temps qu'il ne m'en faut pour écrire cette phrase, les développeurs d'ARK ont ainsi justifié la croisade de tous ceux que nous appellerons pudiquement « les golmons », qui ont vu dans Conan Exiles un plagiat de leur jeu favori, qui méritait donc d'être traîné dans la boue par tous les moyens. Malgré le manque d'élégance de ses principaux détracteurs, il est impossible de nier que le titre de Funcom ressemble beaucoup à ARK. Des similitudes qui restent pourtant lointaines au premier abord, lorsqu'on entame la création de son avatar. Ici, tout est même mieux fignolé. Notre barbare se définit par sa terre d'origine, sa religion et quelques attributs physiques allant de la coupe de cheveux à la taille de sa zizouille ou de sa poitrine. Oui, Funcom entend embrasser l'univers de Conan à pleine bouche, au point d'en assumer ses aspects les plus craspects, dont nous vous laisserons le soin de vanter ou blâmer les mérites. Une fois ces détails réglés, il ne nous reste alors plus qu'à découvrir les raisons de notre exil, déterminées au hasard et destinées à plaisanter. En ce qui me concerne, on m'a accusé d'avoir frappé un chameau, triché aux dés et pratiqué la sodomie. Signe que ma dernière soirée au contact de la civilisation aquilonienne était sans doute plus arrosée que de raison.
Les voir buguer devant soi. Notre aventure d'exilé débute dans le désert et, très rapidement, les réflexes gagnés par des dizaines d'heures sur ARK refont surface. On s'approche d'un buisson, on appuie sur E et on commence à ramasser des fibres qui nous permettront de confectionner quelques vêtements. Ensuite, on s'attaque aux branches et aux cailloux pour fabriquer les premiers outils et ainsi de suite. De l'interface aux mécaniques de jeu, tout, je dis bien TOUT, rappelle sans cesse le titre de Wildcard. Il ne faut donc que quelques heures d'adaptation pour construire une petite baraque, faire à manger, trouver de quoi boire et agrandir sa zone de confort, afin de toujours mieux résister à l'environnement et surtout, aux joueurs qui tenteront inévitablement de voler nos biens. Ici, les dinosaures laissent place à des esclaves humains : la carte est truffée de PNJ que l'on peut assommer à grands coups de gourdin pour les traîner jusqu'à une « roue de la souffrance », dans laquelle ils deviendront nos jouets. Une fois prêts, il ne reste alors plus qu'à les répartir en fonction de leur classe. Les guerriers protègent les points-clés, les archers canardent les curieux, les charpentiers débloquent de nouvelles recettes à l'atelier du menuiser... Et ça fonctionne plutôt bien, puisque je n'ai pas vu passer ma quinzaine d'heures de jeu en compagnie des Canards de notre forum avec qui nous avons construit une base colossale.
Et entendre la musique redémarrer sans cesse. Mais voilà, avec seulement un an de développement derrière lui, Conan Exiles reste un titre aux prémices de son existence. Le jeu est d'ailleurs truffé de bugs plus ou moins gênants. Objets qui disparaissent après avoir été fabriqués, serveurs qui plantent sans raison, frame rate aléatoire... Inutile de dresser une longue et pénible liste de tout ce qui ne va pas et attardons-nous plutôt sur les promesses du studio. Selon un récent AMA* sur Reddit, les développeurs comptent profiter de leur succès – plus de 280 000 exemplaires vendus en une semaine, d'après Steam Spy – pour créer une sorte de chaînon manquant entre Minecraft et Skyrim. Invasions d’armées contrôlées par l’IA, nouveaux donjons à explorer, magie, biomes supplémentaires et même castration sont désormais au programme, nous laissant penser que Conan Exiles sera bien différent dans un an, à l'aube de son hypothétique sortie. Mais pour le moment, impossible de vous recommander d'investir trente euros durement gagnés et des dizaines d'heures de votre précieuse vie dans ce titre qui, bien que prometteur, n'en reste pas moins aride et bugué.
*Ask me anything : demandez-moi n'importe quoi, grand fou.