Jeu Vidéo

La sortie de Grimoire est l'un des plus grands événements que connaîtra le monde du jeu de rôle cette année. Rendez-vous compte : vingt-quatre ans qu'on l'attendait, ce jeu d'exploration de donjons en case par case. Enfin, comme tout le monde, on attendait plutôt la suite des fanfaronnades et des laïus zinzins de son créateur, obnubilé par son désir de surpasser la série des Wizardry de Sir-Tech et de se venger par la même occasion du studio qui l'avait lourdé dans les années 1990^{Note : 1}. Mais voilà, depuis le 4 août, pour la première fois depuis des années il y a autre chose à se mettre sous la dent que des paragraphes délirants : il y a un jeu complet, fort de « cinquante compétences », « plus de mille objets » et « deux cent quarante-quatre décors » qui amènent à un total de « six cents heures de jeu ». Tout simplement « le meilleur jeu de rôle de tous les temps », comme le résume son créateur.

^{Note 1 : Lire dans Canard PC n° 364.}

Il y a quelques jours, en lisant la revue Futurologie & Bullshit, je suis tombé sur un passionnant article écrit par le dealer d'Idriss Aberkane. Il y expliquait que d'ici cinq ans plus personne n'aurait de travail, qu'on aurait tous été remplacés par des robots, que les programmes informatiques s'écriraient tout seuls et que seules les professions créatives pouvaient encore espérer échapper à l'automatisation générale. Eh bien, après avoir joué à Deep Sky Derelicts, je peux vous l'affirmer : tout ça, c'est du pipeau. On aura toujours besoin de techniciens et d'ingénieurs pour produire du code. Mais les concepteurs de jeux, par contre, pourraient parfaitement être remplacés par des algorithmes.

Les humains ont disparu depuis longtemps, et voici venu le règne des animaux.

Il paraît que dans la fantasy, le lore, c'est important. En bon français, ça signifie que votre histoire n'est pas très intéressante si vous n'avez pas pris le temps de construire un univers logique, élaboré, avec des antagonistes complexes, une géographie cohérente et une longue histoire millénaire.

Imaginée par Dave Arneson et Gary Gygax, deux rôlistes américains, la première version de Dungeons & Dragons avait tout d’un livret fan made qui n’aurait sans doute jamais dû quitter la cave de ses créateurs. Pourtant, un demi-siècle plus tard, cet univers est devenu le vénérable ancêtre du jeu de rôle moderne. Je me souviens encore de notre première rencontre…

Vous l’appelez D&D, « Donj », « le seul jeu dont j’ai besoin » ou « Roh pfff, pas encore ce truc ». Vous l'adorez, vous le détestez, vous le considérez comme un jeu essentiel ou êtes passé à autre chose, mais une chose est sûre : Donjons et Dragons, vous connaissez. Du coup, on ne va pas en parler.

Si vous vous intéressez ne serait-ce que vaguement à cette rubrique, c’est que vous êtes déjà soit MJ, soit PJ (voire PNJ, mais dans ce cas je ne peux rien pour vous). Vous avez probablement déjà arpenté plusieurs univers différents, même en restant dans le cadre de Donjons & Dragons. Sans doute avez-vous fait criser vos coreligionnaires qui n’en peuvent plus de vos idées farfelues. Mais avez-vous plongé le doigt dans les personnages, environnements et autres univers non officiels ou bizarroïdes ? Avez-vous ouvert la boîte de Pandore ?

Vous savez, le bonheur, ça ne tient pas à grand-chose. Dans mon cas précis, cela s'est résumé à ouvrir une grosse boîte de jeu, persuadé que j'allais devoir encore me fader vingt ou trente pages de règles, pour finalement découvrir que celles-ci se résument à une toute petite feuille. Yaypouday.

Et de trois, pour ce dungeon crawler à l’ambiance steampunk lovecraftienne, qui arrive enfin en français. Le résumé ? Vous faites partie d’un groupe d’explorateurs envoyés sur un continent gelé pour enquêter sur la chute d’une météorite et plus votre petit groupe s’approche du lieu de l’impact, plus vous êtes assailli par d’étranges visions cauchemardesques… Ceux qui ont répondu Les Montagnes hallucinées de H.P. Lovecraft gagnent +1 dans leur compétence Connaissance du Mythe.

La vie est pleine de hasards rigolos. Tenez, ce matin sur Twitter quelqu'un se demandait à quoi devrait ressembler une véritable adaptation cinématographique de Donjons & Dragons : il faudrait qu'elle soit centrée sur un groupe et pas sur un héros, qu'elle décrive son évolution sur plusieurs décennies... Et là paf, deux heures plus tard, je tombe sur des gens qui cherchent à adapter D&D en action-RPG.

Fin 2019, des étoiles plein les yeux, je vous parlais d'AI Dungeon, ce jeu de rôles en mode texte qui utilise un réseau de neurones pour générer des aventures en temps réel. Un an plus tard, ce qui n'était à l'origine que le projet de fin d'études d'un certain Nick Walton est devenu une des stars du JV indépendant, attirant rôlistes, curieux, artistes et passionnés d'IA par milliers, et explosant les factures d'hébergement du pauvre Nick. Souhaitant comme tout un chacun éviter les huissiers, Walton propose désormais un abonnement premium : pour 10 dollars par mois, vous aurez accès à Dragon, un modèle de génération de texte « révolutionnaire ».

Quel est l'avenir du jeu vidéo, la prochaine révolution technique qui ouvrira de nouvelles possibilités jusque-là impossibles à concevoir ? Si vous m'aviez posé la question il y a encore une semaine, après avoir grogné « rholalala qu'est-ce que c'est encore que cette question à la con », j'aurais probablement évoqué la VR qui, malgré ses innombrables limites, a le potentiel de renouveler radicalement notre rapport aux images, interactives ou pas. Mais voilà, cette semaine j'ai joué à AIDungeon2 et aujourd'hui j'en suis convaincu, l'avenir du jeu vidéo, c'est son passé : un terminal en mode texte.

Utiliser une armada de termes pour décrire un jeu est rarement synonyme de qualité. Alors imaginez tout ce que j'ai pu imaginer en lisant « Black Future '88 est un Synth-Punk roguelike 2D action Shooter » sur la page Steam du jeu. Oui, c'était atroce et personne n'était épargné. Pas même les enfants.

Il y a bien des raisons d'écrire un « rétro ». On peut vouloir parler d'un jeu auquel tout le monde a joué – auquel cas le véritable sujet de l'article n'est pas le jeu, mais les souvenirs que l'auteur et les lecteurs en partagent. Ou bien avoir envie de reparler d'une pépite oubliée, titre extraordinaire mais peu connu, pour le faire découvrir à ceux qui ont eu la malchance de passer à côté. Ou encore de se livrer à un peu d'archéologie, en évoquant un titre médiocre dont l'importance dans l'histoire du jeu vidéo a pourtant été cruciale : l'ancêtre d'un genre, le jeu oublié dont s'est inspiré un descendant plus célèbre. Mais à quoi bon évoquer un jeu comme Dungeon Hack, à la fois raté, méconnu et dénué de la moindre influence sur les titres qui l'ont suivi ? Eh bien, parce qu'en matière de jeu vidéo comme de recherche médicale, examiner un organisme défectueux permet d'en apprendre beaucoup sur le fonctionnement des corps sains.

On pourrait être dans un grenier lumineux ou une cave confortable, avec un plateau de cookies et un groupe de préadolescents qui s'excitent sur un jeu de rôle papier : « J'attaque le roi gobelin ! – D'accord, du coup je lance un éclair sur son sbire ! – Aïe, un coup de hache... Mais c'est bon, j'ai ma cotte de maille ! » À la place, on est dans un jeu vidéo, et les préadolescents qui s'excitent comme des idiots sont mon pote et moi-même. Ne nous jugez pas.

Donjons & Dragons. Et pirates. Et krakens. Et colons munis d'armes à feu. Quelque part, je suis toujours à moitié convaincu que Pillars of Eternity 2 est une tentative pour déterminer combien de clichés on peut accumuler au sein d'un même jeu sans le bousiller. Qu’on ne se méprenne pas, je suis content de voir Donjons & Dragons s’ouvrir à d’autres trucs qu'aux forêts médiévales piquées à Tolkien, mais il fallait tout de même un sacré culot pour le transposer au pays des pirates. Comme en plus l’univers du jeu tient malgré tout admirablement la route, méfiez-vous : Pillars of Eternity 3 se déroulera sans doute au Far West, avec des donjons, des dragons, des cowboys, mais aussi des ninjas, des samouraïs, des gladiateurs et des Vikings.

Magic, Le Seigneur des Anneaux, Le Trône de fer, Warhammer, Donjons et Dragons, Star Wars… je ne récite pas mes licences, je dresse un début de liste de celles qu’illustre l’artiste Magali Villeneuve. Le bruit au fond ? Oh, ce n’est rien, juste d’autres illustrateurs qui s’évanouissent.

Les MUD ont tout pour eux. Que l'on désigne, par cet acronyme mignon bien que boueux, les bons vieux donjons multijoueurs, ou que l'on y lise de plus évocatrices dimensions (les multi-user dimensions revendiquent souvent des univers où les combats ont une place moins prépondérante), nous avons passé le temps de l'élaboration de ce dossier à nous émerveiller des possibilités qu'ils offrent.