Avec près de 30 millions de boîtes vendues par an (selon l’Union des éditeurs de jeux ou UEJ), il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : l’industrie des jeux de plateau est une grosse industrie, et par conséquent une industrie forcément polluante.
Il y a environ un siècle et demi (c’était avant Darmanin, j’avais moins de rides), Kahn Lusth disait en lisant mon papier sur Black Angel : « C’est fou, tous ces jeux qui parlent du fait d’avoir bousillé la terre et de devoir l’abandonner… Les historiens du futur sauront qu’on l’avait vu venir, on aura l’air con. » C’était il y a longtemps, et nous sommes dans le monde d’après. Pas celui où on bousille moins la terre et où on a l’air moins con, mais celui où les thématiques ludiques ont pris un virage assez notable.
Cette année, avant de partir pour Essen, le plus respecté des salons de jeux de plateau du monde, je n’avais qu’une certitude : il y a trop de nouveautés ! Près de 1 500 cette fois, un record, comme à chaque édition. Désormais, j’en ai une seconde : je hais la Deutsche Bahn – la SNCF allemande – de toute mon âme.
Contrairement au jeu vidéo, le prix des jeux de société ne descend pas naturellement avec le temps dans les boutiques spécialisées. Pour autant, il existe de nombreuses solutions permettant de pratiquer le « patient gaming », soit de faire ses achats bien moins cher pour peu qu’on veuille attendre un peu.
Sortir de chez soi, il paraît que c’est bien, qu’il y a des trucs comme du soleil, de l’air frais, des gens. Mais avoir un but, c’est sans doute mieux. Du coup, telle une vieille druide à barbe blanche, je vous propose une vision panoramique des lieux de débauche ludique accessibles. Et comme je suis vraiment sympa, je vais même les trier des plus chères aux moins chères. Sympa, mais apte à garder le suspense, quand même.
Au début, je m’étais dit que ça serait un article facile à écrire. Après tout, peu de gens connaissent le monde merveilleux des jeux à fabriquer de ses petites mains (ou de sa petite imprimante, c’est selon). Je me voyais déjà pondre un top 10 de mes jeux préférés, le genre d’article vite fait bien fait sans prise de tête. Et puis Perco, ce monstre sans cœur, m’a montré qu’il existait déjà un top des meilleurs jeux de référence sur BGG. Mon plan était tombé à l’eau, j’allais devoir bosser un peu plus.
La meilleure solution pour jouer moins cher, c’est tout simplement de ne pas acheter ses jeux. Attention, ne vous emballez pas : si vous voulez essayer de partir en courant d’une boutique de jeux avec quinze boîtes sous le bras, on doit vous rappeler que c’est une très mauvaise idée, à moins d’avoir envie de jouer à Terraforming Mars en garde à vue. Et la mise en place est un peu contraignante en cellule, contrairement à celle du Uno ou du Kems, par exemple.
Si vous avez un tant soit peu roulé votre bosse dans le paysage ludique, et que vous vous considérez un « vrai » joueur, alors vous avez forcément fait face au dilemme déchirant de savoir quel jeu emmener en partant en vacances. Les forcenés embarquent leur Battlestar Galactica pour partir à l’autre bout du monde (ne riez pas, mon pote Magouille l’a vraiment fait), les plus raisonnables se contentent d’une boîte ou deux plus modestes. Mais pour ceux qui aspirent à la variété sans sacrifier la place de leurs sous-vêtements, il existe quelques pépites qui méritent qu’on s’y attarde un peu.
Après un succès, le second album, mais si vous savez, celui de la maturité, est toujours le plus compliqué. Les Français de Spiral Éditions ont pu préparer la suite dans les meilleures conditions, grâce aux excellentes ventes de District Noir.
« Bon Tisseur, c’est toi le spécialiste des JCC, tu nous fais un truc sur Lorcana ?
– Euh, c’est que j’avais une histoire en or sur Magic et les Pinker…
– Non, mais Magic c’est has-been, on en a marre que tu parles que de ça, faut que tu changes d’air.
– Mais je…
– Allez, tu me ponds une page pour le prochain HS, merci bisous ! »
Oui je sais, vous allez m’accuser de lobbyisme, de favoritisme, voire d’avoir des actions chez Leder Games. Tout ceci est faux. J’aimerais bien, notez. Mais non, c’est juste que j’aime ce que fait Cole Wherle, et que j’ai sacrément envie de vous parler de son prochain projet.
« C’est un jeu où l'on gère une usine…
– T’aurais pas un thème un peu original ?
– Bah, c’est une usine de fromage, on a déjà eu une usine de chocolat, mais jamais de fromage…
– Mouais…
– Une construction de ville, alors ?
– …
– Non, mais c’est sur la Lune ! »