L'analyse de Canard PC Hardware
Rien ne ressemble plus à un bloc d’alimentation qu’un autre bloc d’alimentation. Pourtant, tous ne se valent pas, et bien choisir votre modèle pourrait être crucial pour la santé de votre PC.
Une erreur commune lors de la configuration de son futur PC est de ne pas assez réfléchir au choix de l’alimentation. C’est que ce composant peut se révéler assez vicieux : prenez une alim' trop faible, et vous risquez de ne pas vous en rendre compte avant de chercher à exploiter pleinement la puissance de votre PC (qui va alors s’éteindre brutalement quand l’alimentation se mettra en sécurité). À l’inverse, une alimentation trop puissante pour votre machine sera certes toujours à l’aise, mais vous coûtera bien trop cher et ne sera pas exploitée à sa juste valeur. Pour bien choisir son alimentation, il faut déterminer en premier la puissance dont votre PC aura besoin, c’est pourquoi vous la sélectionnerez une fois que vous serez sûr du reste de vos composants. Le CPU et le GPU étant toujours les éléments qui consomment le plus dans un PC moderne, commencez par identifier leur TDP (Thermal Design Power, ou l’enveloppe thermique en français), qui correspond à la chaleur maximale générée par un composant en pleine charge. Exprimée en watts, elle peut ainsi être rapprochée de sa consommation maximale en fonctionnement. Attention toutefois, car cette science n’est pas exacte, notamment pour les CPU (et surtout chez Intel) : la valeur réelle de la consommation maximale peut être supérieure au TDP (chez AMD, un TDP de 105 W implique une consommation réelle de 140 W, chez Intel il faut regarder la valeur Turbo, parfois beaucoup plus élevée que la base). Une fois ces deux valeurs en main, vous pouvez jouer la sécurité en comptant une centaine de watts supplémentaires pour les différents composants de votre PC, en tenant compte des éventuelles subtilités : un disque dur à plateaux consomme plus qu’un SSD, la pompe d’un watercooling sera plus gourmande qu’un ventilateur, etc. Accessoirement, notez que si vous prévoyez d'overclocker vos composants, leur TDP n’aura plus cours, et votre alimentation devra être plus performante. Dans tous les cas, vous pouvez viser large, et vous ne risquez rien à choisir un modèle un peu plus puissant que vos calculs : une alimentation ne délivre pas en permanence la puissance notée sur son étiquette, ce sont au contraire les composants qui tirent ce dont ils ont besoin le cas échéant. Par exemple, une machine de jeu correcte équipée d’un Ryzen 5 5600X et d’une GeForce RTX 3060 (65 W de TDP pour le CPU, 170 W pour le GPU) fonctionnera très bien sur une alimentation de 450 W.
Attention à la certification. Le deuxième point que vous verrez souvent mis en avant concerne la certification de l’alimentation, généralement indiquée par un logo 80 Plus suivi de la gamme (Bronze, Silver, Gold, Platinum ou Titanium). Évitez cette erreur commune qui consiste à penser que cette donnée se rapporte à la qualité de l’alimentation : elle n’est là que pour indiquer l’efficacité de votre modèle, à savoir la différence entre la quantité d’énergie tirée à la prise murale et celle fournie au PC. Un bloc en 80 Plus Bronze aura un rendement d'au moins 85 % quand un modèle Gold dépassera 90 % dans la majorité des cas. Une alimentation certifiée Platinum ou Titanium pourra dans certains cas dépasser les 95 % d’efficacité, mais leur prix est également très élevé. À moins de vouloir limiter votre consommation à tout prix, nous vous recommandons donc de viser le Gold dans la mesure du possible. Notez aussi que certains modèles disposent d’un mode semi-passif, qui coupe le ventilateur à faible charge, permettant de travailler en silence. Enfin, nous vous conseillons de choisir un bloc modulaire si possible : les câbles amovibles vous simplifieront la vie et vous n’installerez que ceux dont vous aurez besoin.
Maintenant, un petit mot sur l'ATX 3.0 : le nouveau connecteur PCIe 5.0 (adopté sur les prochaines GeForce) et l'ATX 3.0 imposent des normes drastiques sur la montée en charge, ce qui va avoir un triple effet mécanique : la puissance minimale va augmenter (la prise est prévue pour 600 W…), tout comme la qualité (en théorie, évitez les modèles noname chinois)… et le prix. Parce qu'un bloc de 1 000 W (par exemple) qui doit gérer 2 000 W pendant 100 µs, c'est compliqué à construire. Les prix des alimentations sont très élevés et pour le moment, leur utilité demeure encore floue. De bonnes alimentations suffisent encore pour faire fonctionner les nouvelles générations de cartes graphiques, ces modèles sont donc à réserver aux plus aisés d'entre vous.